Moumoute à temps plein et salariée à temps partiel
Je vous invite à suivre mois après mois les mésaventures de Sophie, jeune Responsable RH…
Rentrez dans son monde professionnel quelque peu déjanté et laissez vous guider.
Ce matin, seule dans son lit, Sophie avait froid, très froid. Kevin était parti au petit matin en laissant un petit mot sur le frigo : Tu pourras chercher mon string j’y tiens ! Je ne l’ai pas retrouvé. A demain ma petite chenille andalouse.
Kevin à n’en pas douter avait le sens de la formule. Il faudrait le retrouver (le string évidemment) et vite car une visite de la Reine mère et de sa cour (la famille de Sophie au grand complet) était prévue ce soir même… Mais Sophie était déjà en retard pour la fameuse réunion du lundi matin, durant laquelle il ne fallait pas dormir mais paraître passionnée et enthousiaste. Un vrai exercice de style pour Sophie.
La réunion avait déjà commencé lorsque Sophie entra dans la salle. Son premier regard fut hélas pour Jean-Michel le plus ancien commercial de la boîte. Vieux routard, il était le stéréotype du vieux beau has been. Chemise colorée, cravate décorée (il en avait même une clignotante qu’il mettait tous les 24 décembre), chaussettes tennis blanches et mocassins à pompons. Et j’allais oublier le signe astrologique en vermeil autour du cou qui peaufinait à l’extrême le look du tombeur. Quelque peu dégarni, il possédait habituellement une magnifique mèche rabattue sur le sommet du crâne qui masquait une calvitie bien installée. Or, ce jour là Jean-Michel arborait une magnifique chevelure blonde brushinguée avec laquelle il jouait dans de petits mouvements de nuque semblant dire Parce que je le vaux bien ! Une moumoute indéniablement. On aurait dit qu’il avait un ragondin mort sur la tête. Sophie resta bien bloquée sur ce spectacle deux longues minutes interminables. Se rendant compte du malaise, le Directeur se décida à intervenir en invitant tout le monde à poursuivre la réunion.
Cela tombait bien, une question devait être réglée au plus vite avec Sophie. Pierrette, employée à temps partiel depuis des années, travaillait le matin à la distribution du courrier aux différents services. Cependant, la gentille nièce du patron Sabrina devait prendre la place de la pauvre Pierrette. On lui avait bien trouvé une autre activité : la collecte et l’affranchissement du courrier, seulement il fallait changer ses horaires et la passer d’après-midi. Sophie, vous m’écoutez ? Regardez-moi et répondez ! On peut ou on ne peut pas faire cela ?
La Voix, t’es là ? C’est le moment !
Oui, Sophie, vous pouvez. Dans le contrat de travail doit être indiquée la durée hebdomadaire ou mensuelle de travail mais nullement le détail des horaires quotidiens, à moins que votre Convention Collective ne vous y oblige. Vous pouvez donc modifier les horaires de Pierrette sans qu’elle puisse s’y opposer. Respectez tout de même le délai de prévenance du changement normalement égal à 7 jours. Pensez également à afficher ses nouveaux horaires, cela vous servira de preuve en cas de litige. Dites-moi, en quoi est-il déguisé votre commercial, on dirait le retour de Stone ou de Mireille Mathieu version blonde peroxydée ?
Sophie rassura tout le monde par sa réponse professionnelle. Toute sa journée ne fut que discussions enflammées sur la tignasse plastifiée du commercial.
Le soir Sophie prépara un délicieux repas pour sa mère : Décongélation de l’entrée, réchauffage micro-onde du plat principal acheté une heure avant à peine chez le traiteur en bas de la rue … C’était la seule solution pour qu’il n’y ait pas de mort au repas. Tout se passa merveilleusement bien. Même l’apéritif où la terrible question du célibat de Sophie fut abordée. Au moment de la vaisselle, il y eut bien le moment tragique de l’essuyage où Mère Grand crut voir un morceau de torchon dépasser du canapé (elle remarqua que ce tissu panthère était très original pour du linge de cuisine). Surprise, on venait de retrouver l’objet égaré du matin…