Prise d’otage dans le potage

Je vous invite à suivre mois après mois les mésaventures de Sophie, jeune Responsable RH…
Rentrez dans son monde professionnel quelque peu déjanté et laissez vous guider.

Lundi 8h30. Sophie n’est pas de très bonne humeur ce matin. Son week end de Pâques a été terrible et plus particulièrement le traditionnel repas. Cette année encore Sophie n’avait aucun mari à présenter à sa famille.

Comme si la génération de sa mère était convaincue que le bonheur ne pouvait passer que dans la vie en couple. Tout le monde la plaignait alors que la liberté n’avait pas de prix pour Sophie. Il était hors de question de parler de Kevin même pour une paix tant attendue.

Sur ces pensées plutôt tristounettes Sophie vit déferler dans son bureau une horde de salariés en colère hurlant qu’ils allaient la séquestrer elle et le patron car ils avaient appris par Christelle à la comptabilité qu’il était prévu de délocaliser la production en Moldavie du Nord. Déjà Henri avec son ventre bien rebondi s’était couché sur le bureau de Sophie en scandant : Faisons tous une grève de la faim, pour que la crise prenne fin !!! Sophie se retint de lui signaler qu’un petit jeûne ne pourrait être que salvateur pour sa santé mais le moment ne prêtait pas le moins du monde à sourire.

Sophie prit peur devant ce comité si important et virulent. Il fallut plus d’une bonne heure pour ramener le calme et faire comprendre qu’il s’agissait d’une contre information et qu’il n’était absolument pas question de délocaliser la production dans un pays qu’elle n’aurait pas était capable de situer sur une carte.

La Direction fut extrêmement contrariée par cet incident qui venait se rajouter à une longue liste dont l’initiatrice avait systématiquement été Christelle. Tout d’abord il y avait eu des achats quelque peu farfelus : 4 palettes d’agrafes (elle avait eu le tout pour le prix de 3, elle n’avait pas pu dire non). Le stock était surchargé de cartons qui pourraient ainsi approvisionner une centaine de salariés sur les 20 prochaines années… Puis il y avait eu l’incident du chien : Christelle avait décidé d’emmener son adorable toutou au travail qui déprimait s’il restait seul. Certes c’était une belle bête de 85 kilos mais quelque peu encombrante et bavante. Le pantalon de la direction était parti au pressing mais c’était certainement moins grave que celui du facteur qui était resté dans la gueule du chien pendant que l’heureux propriétaire se rendait à l’hôpital (comment voulez vous que Christelle sache que Médor n’aimait pas les uniformes !). Puis, pour finir le coup de la Moldavie, là c’en était trop, elle avait dépassé les bornes des limites.

Sophie, dans mon bureau et de suite ! Avait vociféré le Patron.
On la licencie immédiatement, débarrassez moi de cette folle furieuse. Vous avez trois minutes avant que je la passe par la fenêtre. Sophie eut un doute sur la probabilité d’exécution de cette menace. Il valait mieux faire vite.
Une fois dans son bureau, elle regarda le dossier de Christelle. Elle était en CDD de 8 mois et en était à sa 4eme semaine (et déjà tant de dégâts). Mais était-il possible de rompre ce contrat ? La voix vite une réponse !

Le CDD peut être écourté pour faute grave. Seulement elle doit être d’une importance telle que le salarié ne puisse plus rester dans l’entreprise et ce, même pendant la durée de son préavis.

Oui la voix là on peut parler de giga boulette. Si on la garde on a peur de la suite… Imprévisible cette nana…

Alors on parlera de rupture anticipée pour faute grave du CDD. Pour rompre un CDD pour faute grave, vous devez respecter la procédure disciplinaire (convocation, entretien, rédaction de la notification de rupture anticipée du CDD…). Pensez à consulter votre convention collective, elle peut prévoir des dispositions particulières en la matière (par exemple, passer devant un conseil de discipline avant de rendre votre décision).

Christelle évita de justesse la fenêtre mais pris la porte sans attendre. Dure journée pour Sophie. Pourvu que la soirée se termine mieux. Kevin lui avait donné rendez-vous à la cafétéria au coin de la rue car il avait quelque chose d’important à lui annoncer mais ce n’était pas possible par téléphone…

Thématique RH inspirée des Editions Tissot

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