Je vous invite à suivre mois après mois les mésaventures de Sophie, jeune Responsable RH…
Rentrez dans son monde professionnel quelque peu déjanté et laissez vous guider.

La soirée avait été idyllique pour Sophie sans aucune mauvaise surprise. Elle était radieuse ce matin : souriante et détendue elle avait été jusqu’à féliciter le PDG pour sa magnifique cravate. Elle vous mincit et vous donne une classe folle ! lui avait-elle envoyé.

Rien ne pouvait ternir cette magnifique journée qui s’annonçait. Non rien, pas même Pamela qui venait demander quelques précieux renseignements sur son congé maternité à venir. Il s’agissait de son premier enfant et elle s’inquiétait un peu des modalités et surtout des conditions dans lesquelles elle allait reprendre son poste.

Seulement, en pleine conversation, Pamela se mit à haleter comme l’aurait fait Kikounet – le jeune teckel orange de sa mère – quand Sophie le promenait dans la rue tirant un peu trop sur la laisse du si ridicule petit animal. Sophie, inquiète lui signala qu’il était impossible d’accoucher dans ce bureau car elle ne supportait pas la vue du sang et que de toute façon ce n’était pas très hygiénique. Pamela la rassura, il ne s’agissait que d’une contraction isolée sans conséquence mais demanda tout de même à Sophie s’il était possible de faire ses exercices de réflexozenologie. En effet, son maître spirituel lui avait conseillé (à 120€ la séance, Sophie disait plutôt vendu) de prendre la position du lotus à chaque contraction afin de détendre le bébé. Pamela s’exécutant sous la bénédiction de Sophie se mit par terre et se tortilla vainement durant plusieurs minutes pour essayer de ne serait ce que croiser ses jambes. Visiblement le Grand Maitre n’avait pas pensé que la position du lotus avec un énorme ventre ce n’était pas gagné. La posture relevait certes du végétal mais plutôt du choux fleur ! Pamela se mit de nouveau à faire des petits bruits bizarres du genre de petits gloussements aigus. Et 10 minutes plus tard (dont 5 furent occupées à relever la future maman) Sophie put enfin répondre à la question posée :

À l’issue de votre congé maternité, vous devrez être réintégrée dans l’emploi que vous occupiez précédemment ou dans un emploi similaire assorti d’une rémunération au moins équivalente. Si l’emploi que vous occupiez n’est plus disponible nous devrons vous proposer un emploi similaire à la fin de votre congé. Soyez rassurée, nous ne pourrons pas vous imposer une modification substantielle de votre contrat de travail.

Mais le Grand Maitre insistait vraiment sur l’allaitement maternel jusqu’au 3 ans de l’enfant. Pamela voulait également savoir s’il était possible de le faire sur son lieu de travail

L’allaitement sur les lieux et pendant le temps de travail est autorisé. Vous disposez d’une heure par jour durant les heures de travail pour allaiter. Cette heure est répartie en deux périodes de 30 minutes (l’une le matin, l’autre l’après-midi). Ces moments d’arrêt de travail devront être fixés avec nous. Votre enfant pourra être allaité dans l’établissement. Le bureau 112 fera l’affaire. Les heures correspondantes ne sont pas considérées comme du travail effectif et ne sont pas rémunérées. Mais attention cette période n’est autorisée que pendant un an à compter du jour de la naissance. Pour les deux autres années il faudra que vous trouviez une autre solution.

Mais, dites moi Pamela ca n’a pas de dents ces petites bêtes là à tris ans ? Si ! Sophie essaya de cacher au mieux sa surprise.

Sophie vous progressez, vous n’avez même pas eu besoin de mes conseils, s’étonna la Voix. On dirait que l’amour vous donne des ailes.

Non la Voix, autant en social vous êtes balaise qu’en relations humaines vous ne comprenez rien. Ce n’est pas d’amour mais de plaisir dont nous sommes en train de parler. Allez je vous raconte…

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Non, Sophie n’avait décidément pas besoin de parler, seulement d’une petite soirée romantique. Pire encore, elle était même prête à accepter un rendez-vous entre midi et deux avec Kevin. Et non ce n’était pas pour parler !

Mais bon il était 10h00 et il fallait encore attendre ce soir pour une nouvelle soirée car le Don Juan travaillait non stop aujourd’hui. Une chose était certaine, sa petite robe de coton noire ferait l’affaire. Pas forcément à la mode mais franchement “enlevable” en 4 secondes et 10 dixièmes (eh oui elle avait chronométré ! la détermination vous pousse à faire de drôles de choses !!!). Pour le reste elle improviserait.

Bonjour Sophie, il faut que je vous parle, puis-je vous déranger ?
C’était Stéphane le petit aide comptable boutonneux qui assistait Bérangère, comptable en chef. Que pouvait bien vouloir ce vieux garçon qui vivait encore chez sa mère ?
Entrez. Que vous arrive t-il ? Vous avez des soucis ?

Stéphane fondit en larmes et se jeta dans les bras de Sophie. Il chouinait et parlait de façon totalement incompréhensible. Sophie, excédée et fort peu patiente, lui demanda de se reprendre et de lui exposer enfin ce qui n’allait pas.
Stéphane lui expliqua qu’il en avait marre de Bérangère et qu’il fallait l’aider. Tout avait commencé quand elle l’avait appelé Mon Lapinou il y a deux semaines. Depuis, cela avait été un enchaînement de situations embarrassantes : petite tape sur les fesses à plusieurs reprises, remarques désobligeantes sur son pantalon trop peu moulant aux yeux de la furie. Une main s’était même égarée à quelque endroit inavouable à l’occasion d’une rencontre devant le photocopieur. Ce n’était pas possible. Sa mère lui avait conseillé de venir en parler de suite avant que l’irréparable ne se produise ! Il comptait bien garder sa virginité jusqu’au mariage. Sa mère avait bien insisté là-dessus !

Rappelez-moi votre âge Stéphane ? 32 ans ! Ah quand même !!! Le moment était grave, car il s’agissait bien de harcèlement sexuel !!! Un problème sérieux, épineux, qui nécessiterait beaucoup de compréhension et de tact. Sophie organisa donc pour le début d’après-midi un entretien entre les deux parties. Mais pour se préparer, elle demanda tout de même ce que risquait Bérangère à son ami la Voix ?

Sophie, toute personne qui commet des actes de harcèlement sexuel encourt le risque d’être poursuivie devant la juridiction pénale à l’initiative du Parquet. La plainte peut être déposée auprès du procureur de la République, du commissariat de police, de la gendarmerie ou du doyen des juges d’instruction du tribunal de grande instance. L’auteur du harcèlement s’expose à une peine d’emprisonnement d’une durée maximum d’un an. Il peut être également condamné à payer une amende d’un montant maximum de 15 000 € et à verser des dommages et intérêts. Le salarié qui commet des actes de harcèlement sexuel est passible d’une sanction disciplinaire prononcée par l’employeur. Sophie bon courage pour votre entretien !

En fait, le rendez-vous se passa très bien. Sophie exposa le problème le plus sereinement possible. Bérangère présenta ses excuses à Stéphane. Elle lui expliqua qu’elle le pensait joueur et qu’elle croyait qu’il partageait cette attirance magnétique qu’elle ressentait. Stéphane précisa de suite qu’au départ cela l’avait amusé mais que sa mère lui avait expliqué que cela n’était pas correct et même inacceptable. Et il s’en était laissé convaincre. Stéphane aussi rouge qu’une pivoine finit même par demander à Bérangère si elle voulait en discuter avec lui ce soir autour d’un plat de pâtes car il était libre, sa mère ayant son traditionnel Scrabble hebdomadaire chez son amie Lucienne. Ils partirent ainsi du bureau de Sophie sourire aux lèvres…

Sophie écarquillait ses grands yeux bleus car elle était en train d’assister à une scène surréaliste : La comptable de la société coincée et rigide se transformait soudainement en une bête d’érotisme et Stéphane l’effarouché se laissait finalement faire…

Sophie vous avez échappé au pire ! On dirait que la soirée s’annonce heureuse pour beaucoup de salariés de cette entreprise…

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La soirée avait été délicieuse… enfin jusqu’à minuit. Sophie avait-elle été victime de la célèbre malédiction Cendrillon ? Pourtant tout avait bien commencé. Sophie avait finalement choisi un maquillage léger, un ensemble shorty (plus confortable) et une tenue très fashion : tregging (pour les incultes de la mode, entendez legging ou pantalon très très moulant en cuir, sky, vinyle… incontournable cet hiver dans toute garde-robe qui se respecte), tunique et talons.

Moderne, limite avant-gardiste la vendeuse avait trouvé Sophie superbe. Et l’avis d’une professionnelle, cela s’écoute. Pourtant Kevin en la voyant lui avait hurlé qu’elle avait oublié de mettre sa jupe et s’était précipité sur elle avec un plaid pris dans sa voiture ! Une fois le malentendu dissipé, le repas au restaurant s’était fort bien passé même si une taverne qui ne sert que de la choucroute pour un premier rendez-vous, certaines mauvaises langues pourraient trouver cela peu romantique ! Le repas avait été quelque peu écourté, la première impression de Sophie se confirmant : Kévin était bien plus beau et musclé qu’intéressant et intelligent. Le vrai problème était arrivé plus tard lorsque la soirée s’était terminée chez Kévin au moment le plus sensuel, celui du déshabillage. La choucroute garnie du chef, la chaleur dépassant les 35° du restaurant et l’appréhension de Sophie après plus de 10 mois de désert sentimental avaient eu raison du tregging en sky. Ne laissant passer aucune transpiration, le pantalon resta désespérément collé aux cuisses de Sophie. Rien n’en vint à bout, ni l’impatience de Kévin ni la souplesse de la malheureuse. Le tregging ne voulait rien savoir. Frustrés et déçus nos deux amoureux durent remettre à plus tard leur sulfureuse ferveur. Cendrillon n’avait pas perdu une chaussure mais gardé son pantalon !
Inutile de préciser que le lendemain l’humeur de Sophie était noire, très très très noire. Alors, quand Bernadette est entrée dans le bureau pour lui dire qu’elle avait reçu une carte pour les élections prud’homales et quelle ne savait pas quoi en faire ni ce qu’était un conseiller Prud’homal, Sophie a bien eu envie de lui dire de la prendre et de…
Merci Sophie, mais Bernadette voici votre réponse :

Les conseillers prud’homaux sont des hommes et des femmes salariés ou employeurs (en part égale) qui siègent au Conseil des prud’hommes. Ils sont chargés d’arbitrer les litiges individuels liés au contrat de travail ou d’apprentissage entre employeur et salarié. Ils sont 14 616 sur le territoire français répartis dans 271 conseils. Chaque département dispose d’au moins un conseil des prud’hommes. Le mandat des conseillers est de 5 ans. Le rendez-vous aux urnes cette année sera le 3 décembre 2008. Il est également possible de voter par Internet entre le 19 et le 26 novembre 2008.

Bernadette voulait également savoir quelles étaient les conditions pour se présenter :
Non Sophie, je m’en occupe, allez plutôt vous faire un café…

Alors pour être candidat, il faut impérativement être âgé de 21 ans, (à vue de nez c’est plus que votre cas Berna ! Sophie au café et plus vite que ça !). Reprenons, être de nationalité française et être détenteur de ses droits civiques. Pour les salariés il convient d’être titulaire d’un contrat de travail de droit privé en cours d’exécution ou de suspension (congé de maternité, congé parental ou encore congé sabbatique…). Pour les candidatures employeur, il suffit d’employer au moins un salarié pour son compte ou au compte d’autrui.

Vous savez tout ou presque, Bernadette. Maintenant il faut nous laisser travailler avec Sophie, je crois qu’elle a besoin de parler…